A vélo, jusqu’en Albanie

Un peu plus de deux semaines, seul, cet été, pour accomplir ce qui ressemblait à un rêve ou à un défi… Parcourir une longue distance à vélo, hors des voies cyclo-touristiques habituelles, pour rallier une région que j’adore: les Balkans.

Petite triche au départ, pour gagner trois jours et un passage des Alpes déjà effectué plusieurs fois, le départ à été fixé à Domodossola, gare frontière au pied du Simplon. A partir de là c’était l’inconnue, tant en ce qui concernait mes capacités physiques à aligner plusieurs étapes relativement longues, que mes capacités psychologiques à passer plus de deux semaines seul avec mon vélo, en ne faisant que de furtives rencontres, mais de nombreuses observations.

Au final, tout s’est passé au mieux, chaque journée a apporté son lot d’intérêt et de beauté et, globalement, plus j’avançais plus j’adorais ce que je faisais.

En résumé (pour les passionnées plus de détails plus bas dans l’article…), 1680 kilomètres en 14 étapes réparties ainsi:

  • 4 journées bien remplies pour traverser l’Italie du Nord, avec des haltes dans les magnifiques villes traversées: Bergame, Brescia, Vérone, Vicenza, Treviso, Palmanova.
  • 2 journées pour traverser les montagnes slovènes. Du relief et de vastes forêt, dans des paysage karstiques fantastiques.
  • 1 jour très impressionnant en Croatie, essentiellement dans ce qui constituait la Krajina serbe jusqu’en 1995, où la plupart des habitant·e·s sont parti·e·s et n’ont pas été remplacé·e·s. Les villages fantômes succèdent aux petites villes dont les faubourgs sont à l’abandon…
  • 4 étapes en Bosnie-Herzégovine et un jour de repos à Sarajevo. Le contraste entre la partie serbe et la partie croato-musulmane n’est pas aussi fort que ce que j’imaginais (je n’étais jamais allé en R. Srpska auparavant). Le pays est bien vivant – et certaines de ses vallées magnifiques – même s’il ne parvient pas à se remettre du traumatisme vécu il y a près de 30 ans.
  • 2 étapes au Monténégro, sans doute les plus belles et les plus physiques du voyage, dans d’étroites gorges débouchant sur de cols donnant sur d’arides plateaux calcaires à la végétation méditerranéenne.
  • 1 étape en Albanie, un peu décevante, par rapport à ce que je connais du pays… Essentiellement dans la plaine côtière, pour rejoindre Durrës.

La carte ci-dessous montre les étapes et l’itinéraire approximatif (surtout en Italie…)

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Pourquoi aller jusqu’en Albanie ?

Cela fait longtemps que j’aimerais rejoindre Istanbul et la Turquie à vélo, mais évidemment un tel projet demande du temps et une certaine préparation. Cet été, j’avais environ 16 jours à disposition, un vélo en bon état. C’était l’occasion de tester ma condition physique et ma capacité à évoluer dans des pays où le cyclo-tourisme n’est pas habituel. Les quelques voyages que j’avais faits en ex-Yougoslavie et en Albanie m’avaient beaucoup plu et donc le cap du sud-est a été vite choisi.

En partant, je ne savais pas si je parviendrais en Croatie ou en Bosnie, mais si je tenais le coup, je m’étais fixé comme objectif d’éviter la côte dalmate et de découvrir son arrière-pays bosniaque pour si possible rejoindre le Kosovo. Très vite, la question de mon retour en transports publics, avec un vélo, s’est révélée un facteur limitant. Ljubljana et Zagreb sont reliées à Genève par des bus interurbains acceptant les vélos, mais au-delà, l’information est très difficile à obtenir, les lignes de trains rares et mal desservies… Restent les ports sur l’Adriatique – Zadar, Split, Dubrovnik et Durrës.

Cependant, plusieurs de mes connaissances (Merci à Hanumsha et Xhevrie, en particulier. Et également à Andhina , de l’ambassade suisse à Prishtina et à son conjoint Florian !) m’ont proposé des contacts avec des transporteurs qui auraient pu rapatrier mon vélo et c’est essentiellement la situation politique dans le nord du Kosovo (région de Mitrovica), qui m’a fait changer d’objectif. En effet, il semble que plusieurs extrémistes n’hésitent pas à caillasser les arrivants et je n’ai pas voulu vérifier… Compte tenu du temps à disposition, un détour pour contourner la région était impossible.

C’est donc à Sarajevo que j’ai opté pour une destination plus calme, l’Albanie, en traversant le Monténégro. Avec comme avantage de pouvoir rejoindre l’Italie sans difficulté, en ferry, depuis le port de Durrës.

Est-ce risqué ?

Comment dans la plupart des voyages, les risques majeurs concernent la circulation routière. De fait, c’est surtout en Italie et à l’approche des villes bosniaques que j’ai eu de modestes frayeurs, liées à la densité du trafic et au fait que de rares automobilistes et chauffeurs de poids lourds dépassent vraiment trop près… Globalement, les routes étaient dans un état satisfaisant, mais demandaient beaucoup de concentration, car un gros nid de poule ou un déchet dangereux (morceau de pneu de camion…) étaient toujours possibles.

Aucun sentiment d’insécurité, même dans les zones où la présence de graffitis démontrait des tensions nationalistes assez forte… Un mariage croate qui traverse en klaxonnant un village musulman en Bosnie centrales. Beaucoup de drapeaux, de provocations, des coups de feu en l’air, tout cela provenant d’un cortège dont la moitié des limousines était immatriculée en Suisse. Les passages entre les deux parties de la Bosnie se font sans aucun problème, un vague panneau indiquant juste qu’on change de région.

Les risques de vol semblent très faibles dans ces régions. J’avais pour habitude de cadenasser le vélo et de prendre mes valeurs dès que je m’éloignais un peu. Rien ne m’est arrivé.

Quelles impressions ?

Nombreuses et contrastées, mais essentiellement positives, même si certains constats sont terribles… N’hésitez pas à me poser des questions si vous en avez : jnicolet@gmx.ch

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