Les jeunes, crédules par nature ?

Une étude statistique française de la fondation Jean-Jaurès et de l’institut Reboot a généré un écho médiatique important ces derniers jours. Les jeunes sont présentés comme étant de plus en plus crédules, et cela en raison de leur usage immodéré des réseaux sociaux, TikTok en particulier.

Il est vrai que certains résultats donnent des frissons, puisque une part importante (entre un quart et un tiers) des jeunes semble adhérer à des thèses farfelues et/ou complotistes (Terre plate, créationnisme, croyances occultes…).

Il est un peu facile de regarder de haut ces jeunes qui « croivent » si facilement de pareilles sornettes, lorsque nous, les adultes, avons construit une société basée:

• Sur le déni de faits scientifiques démontrés depuis des décennies, en particulier l’origine anthropique des changements climatiques et de la diminution drastique de la biodiversité,
• Sur la primauté de la raison économique en toute circonstance (perceptible pour les jeunes par l’omniprésence de la publicité et de l’injonction à consommer), ce qui a conduit à une explosion des inégalités et de la détresse sociale qui est fortement corrélée avec la disposition à croire n’importe quoi,
• A la valorisation de la parole de gourous, porteurs d’inepties scientifiques ou religieuses qui, depuis quelques décennies, cherchent par tous les moyens à forcer la porte des lieux d’enseignement et des médias. Sur ce point, le niveau de religiosité des élèves crédules montre de façon évidente le rôle néfaste de ces gourous et de la désécularisation de nos sociétés.

Et TikTok, dans tout cela ? L’étude montre une vague corrélation (bien moins forte que les aspects sociaux ou religieux) avec l’usage du réseau social chinois. Mais surtout, elle ne permet absolument pas de déterminer s’il y a causalité, ni surtout dans quelle direction. Autrement dit, est-ce que TikTok désinforme (ce qui est la thèse induite par les médias) ou est-ce que les désinformés ont un goût particulier pour TikTok (avec ou sans lien de causalité) ?

Mais l’étude montre aussi que, en ce qui concerne les « vieilles lunes » complotistes, en particulier la question des changements climatiques et de l’immigration, la jeunesse est moins perméable aux sottises que les plus anciens… Ce qui est de bonne augure !

Ce qui est certain, c’est que toutes les générations sont solidaires pour affronter les périls qui nous guettent : destrutction de l’environnement, désinformation, nationalisme et explosion des inégalités.